29 décembre 2017

Je voulais un p’tit dernier pour l’année, ils m’ont pété.
Enfin péter, c’est vite dit, j’les ai laissé faire. M’explique…
Pause déj’, rdv à l’ancienne avec mon singe comme quand on avait vingt ans.
On a toujours pas de clef, pas d’jeune copain équipé, pire on a même plus d’plan.
On s’en fout, tout ça c’est des excuses de vétérans.

0n est restés frais dans notre tête malgré les évènements.
Frais voir froid, glacial, regard ice cube quand j’vois qu’ce putain d’trom à la con n’est pas posté au fond d’la bifurque comme avant…
M’en fout, ils viennent d’en mettre un au milieu d’la stat, celui là fera l’affaire, j’ai qu’un midi par an maintenant.
De triple end, on passe donc en mode pannel, minable, entre deux arches… Mais on doit peindre !

Une… Deux… La circu arrive, on descend en même temps.
Les voyageurs sur l’autre quai nous dévisagent, on les ignore royal.
Caché entre carrosserie et carrelage, on se pose seconde pour analyser ce plan de repli.
Bon, bin, négro, fait donc coucou à Pamela la caméra qui nous filme en scred… Pile poil pour nous qu’ils l’ont mise.
On l’avait pas vu, elle était cachée dans le tunnel la salope, bien dans l’axe de la ligne pour nous tirer le portrait.
La pétasse. Bien joué les enfoirés !

On va donc se retirer délicatement, professionnel jusqu’au bout (enfin presque), le trom d’après est déjà là.
J’attends calme contre un mur, pas camouflé du tout, en plein milieu des voies, avant de monter.
Et là, bien sûr, un conducteur reste scotché. Il décolle bruyamment.
Ch’erai bien partit de l’autre côté mais le métro arrive dans l’autre sens aussi.
J’vais donc vers le conducteur qui m’appelle, il a l’air gentil. Soudain à portée de sa main ce con m’agrippe.
Bon, bin, si c’est pour me casser les bonbons négrillon, j’retraverse dans l’autre sens, ch’uis pas ta copine.

Pendant ces trente secondes, mon singe a eu l’temps d’tailler, j’préfère être seul parfois.
je grimpe quatre quatre les marches, un autre conducteur bronzé m’enlace une fois en haut.
Normal c’est leur QG. Il m’empoigne sec, amoureux fou.
Je force la marche façon rugbyman solitaire face à un, puis deux bonhommes.
Un noir et un arabe, on m’agresse !!!

Ils mettent du muscle, mais je sens bien que le vrai frein c’est ce putain d’sac iso, plus de 20 kilos que je refuse d’abandonner.
Une porte s’ouvre, encore un conducteur en civil (ou un vils) et un maçon portugech complètent la scène.
Des voyageurs spectateurs s’immobilisent.

Ecoute moi Mimidou…
Je sais bien que je suis ridicule avec ce cabas picard à la main en plein hiver, dans ce jean paillette moulant pris à ma grande,
cette doudoune violette jennifer jetée par madame et la casquette US vissée profond sur le visage…

L’option fuite s’efface, laissant place à la phase deux : « Faites votre taff ».
Il est où ton copain ? « Faites votre taff ». Tu faisais quoi sur les voies ? “faites votre taff »
Y’en a qui descendent sur les rails comme toi pour graffer… « Faites votre taff !!! »
« J’ai des problèmes, ch’uis fatigué, vous voulez m’aligner ? faites vous plaisir.
Dans ce sac ? c’est de la peinture c’est normal je suis peintre…
Des bombes de peintures ? Pour quoi faire ? je suis peintre »

Cinq minutes à refuser de rentrer dans leur petit local, les invitant vivement à se salir les mains en fouillant mon sac.
Saoulés ou hypnotisés par ce style (l’habit ne fait pas le moine, mais le clando si), ils m’ont laisser partir avec picard sans déranger les robocops.

Z’ont bien raison, je ne suis qu’un clochard de plus, des clodos et des schlags y’en a plein dans le coin.
Trempé, frigorifié, la queue entre les pattes comme quand je gronde mon cleps, je suis rentré VTT a la case…
M’en fous j’ai toujours le iso et dans deux jours y’a la nouvelle année, ça m’laisse le temps d’sécher, on se revoit l’année prochaine !

Paix à fluttte…

Verbol Keent