Keag – Paris, 2016

V jusqu’aux Asics.

Cette année la ligne est verte, Stephen Keag style, je la suis depuis vingt.
Je suis bien mais je sais bien qu’au trente, le jeu va vraiment commencer.
La route est longue, elle ressemble à la vie, j’ai tout l’temps pour méditer.
J’aime ces rdv annuels, j’me’retrouve enfin face à moi.
Un 42, un IM, c’est spécial, de l’introspection à l’œil sans miroir.
À l’œil, pas tant qu’ça en fait, depuis quelques années ils rackettent sévère sur ce thème.
Mais moi V pas boloss, moi pas payer pour cavaler dans ma ville, non mais ohhh !!!!
Astuce bancale c’coup-ci, la photocop’ se désintègre sous l’effet d’la sueur.
Les arbitres veulent m’exclurent, non mais ohhh !
Tant pis, j’tiens c’qui l’en reste dans la main façon crétin lapin, d’façon les choses sérieuses ont débuté.
Trente…
L’âge ou le taf engloutit les passions. Les obligations, les charges, les brailleurs à la case.
Le moule ou la vie misérable igo, choisis au virage. Courage !
Trente cinq…
Malgré ton sérieux, tes efforts, y’a pas d’bout à ton tunnel. Tu penses exil Hugo, tu voudrais revenir en arrière.
La prime du 36, la fouf qui s’taille avec les marmots, accessoirement un amant d’chez Matel.
Marrant en marathon tout pareil, tu passes de type plein d’énergie à grosse merde en dix kilomètres si t’y fais gaffe.
Si t’es pas fort, préparé, blindé mental.
Trente huit…
Ça y’est, les jambes sont bambous, les dos se courbent, les coqs virent dindons. Quelle farce !
Le vécu prend enfin la parole, les vieux cons déboulent, doublent. Je suis ces bouteilles poussiéreuses, je veux être comme eux, j’le suis presque.
Quarante…
Là tout d’suite, Keag avec un grand K, a mal tout pareil que les dindons, mais il reste droit comme ses graffs tout pétés. À chacun sa tempête sur marathon ou dans la life, chemin de croix disent les curetons à Saint Anne.
Ce jeu c’est d’la trippe, d’la boucherie juste magique pour ceux qui apprécient sang et sueur.
Pas d’triche, pas d’ennemi, pas besoin, c’est toi contre toi.
42,195…
Bien sûr que j’te l’ai fini content et cassé (sinon c’est qu’on est pas allé au bout des choses).
Eau banane pour coco, dossard falche en miettes, guibolles cuites, Achille sévère sur le talon.
Mon chrono, c’est comme les victimes des attentats et autres guerres, si tu connais pas, tu t’en bas.
D’ailleurs ch’uis pas listé, officiellement j’existe pas, je n’ai jamais vraiment existé dans leur système.
Sur le retour, dans la gov’, j’ai donné la médaille au p’tit et je lui ai redis par peur qu’il oublie :

 

– y’a ceux qui connaissent le chemin…
– Toi tu préfères ceux qui l’arpentent. Oui oui tu m’l’a déjà dis.
– Mais où t’as eu ce tee shirt finisher ?
– J’ai demandé à la dame, elle m’a dit non, elle s’est retourné et…
– C’est bien…

 

Dédicacé au poto HOME un peu plus loin derrière.
MDP Dimanche 3 avril 2016.